I. Introduction▲
Lors de la création ou du renouvellement d'un parc applicatif, un des points importants est la comparaison des différents logiciels possibles.
On ne peut en effet nullement choisir un logiciel simplement parce qu'une personne du service l'a testé et apprécié. Il faut respecter une certaine méthodologie afin de rester cohérent. De cette méthodologie résultera la pertinence des choix effectués, ainsi que de la concordance aux besoins.
Il existe de nombreux sites sur Internet présentant des comparatifs, des tests… On peut notamment citer l'excellent site QSOSQSOS, dédié à l'Open Source pour les professionnels.
Cependant, il s'agit la de comparatifs globaux. Dans le meilleur des cas, on pourra trouver des comparatifs se rapprochant de nos besoins. Dans le pire des cas, il s'agira exclusivement de comparatifs généraux (prix, éditeur, qualité impression…) or chaque société a des besoins bien spécifiques.
C'est là qu'intervient le principe de qualification et de comparaison logicielles.
II. Qualification et comparaison de produits▲
II-A. Qualification▲
La qualification logicielle va nous permettre de juger les logiciels non pas sur des critères généraux, mais sur des critères spécifiques à nos besoins.
La définition et l'usage d'un référentiel pertinent s'impose alors de lui-même.
Pour cela, la première chose à faire est déjà de définir les besoins.
Il faut identifier les points importants et/ou critiques vis-à-vis de la société. Par exemple, si la société ne dispose pas (ou ne désire pas disposer) d'un service informatique, un des critères sera clairement « obtenir de l'assistance technique facilement ».
De plus, il faut savoir doser la quantité de critères. En avoir trop peu (ou ne pas identifier suffisamment de critères) aura pour conséquence de nuire au résultat.
À l'inverse, en identifier trop nuira également au résultat, car cela rendra moins lisibles les données.
Idéalement, on considère donc qu'il faut entre trois et huit critères afin de définir correctement un besoin.
Pour une entreprise classique, les critères importants peuvent ainsi, par exemple, être :
- assistance technique aisée ;
- couverture du besoin métier ;
- respects des standards ;
- notoriété ou taille de la communauté ;
- ergonomie ;
- …
Une fois les critères définis, il faut définir une échelle de notation commune à l'ensemble des critères : de 0 à 10, de 0 à 100 %, de 1 à 5…
Il faut également définir comment, sur cette échelle, on passe d'un échelon à un autre.
Voici un exemple :
Critère |
0 |
10 |
Assistance technique aisée |
Assistance technique très difficile ou impossible à trouver |
Assistance technique aisée |
Modularité / Évolutivité |
Difficile |
Facile |
Couverture du besoin |
Aucune correspondance |
Correspondance élevée |
Viabilité du langage source |
Obsolète |
Usage courant |
Notoriété |
Application interne |
Applications présentes dans de nombreuses grandes entreprises |
Utilisation et respect de standards |
Aucunstandard |
Utilisation (quasi) exclusive de standards |
Une fois chaque logiciel testé avec la plus grande objectivité possible par plusieurs personnes dont des utilisateurs finaux, nous disposons alors d'une base de données qu'il faut désormais exploiter et analyser convenablement.
C'est là qu'intervient la comparaison logicielle.
II-B. Comparaison▲
Dans tous les cas, le but est toujours le même : présenter les résultats sous la forme la plus cohérente et la plus explicite possible.
Il existe pour cela différentes méthodes : graphisme, moyenne, pourcentage, statistique…
Chaque équipe décisionnelle utilise celle qui lui semble la plus appropriée, voire un mix.
Cette étape est importante, car le conditionnement des données issues de l'étape de qualification va aboutir à terme à un choix.
Il est alors aisé pour une équipe décisionnelle de faire en sorte qu'une solution ayant d'avance leur préférence ressorte plus que les autres, simplement par effet de mise en page.
De là, découle par conséquent le besoin de se montrer le plus impartial possible. Et quoi de mieux dans ce cas qu'un graphique.
Seulement voilà, là encore, il est possible de biaiser les résultats grâce à une présentation volontairement peu claire. Par exemple, ne mettre en graphique que les critères où le logiciel favori à l'avantage.
Cela est d'autant plus aisé qu'en général, personne ne lit l'intégralité des valeurs numériques. Les gens se contentent en général d'aperçu visuel.
Outre le fait qu'il faille alors indiquer clairement dans un espace dédié dans le rapport, les critères retenus, il ressort qu'il faut donc un graphique disposant de l'intégralité de ces critères.
Et c'est là qu'intervient le diagramme de Kiviat.
III. Les diagrammes de Kiviat▲
III-A. Principe de fonctionnement▲
Également connu sous le nom de diagramme à branches, diagramme étoiles… le diagramme de Kiviat est sans conteste le diagramme de comparaison par excellence.
Acceptant des superpositions de graphiques, il est parfaitement adapté à la mise en forme de données pour la comparaison logicielle.
Il permet ainsi de comparer, directement sur le même graphe, l'ancien et le nouvel applicatif et ainsi de vérifier la cohérence des solutions retenues.
Sans limitation d'axes, il sait s'adapter à chaque besoin spécifique.
Le principe de fonctionnement est fort simple : chaque axe représente un critère différent. Tous les axes partent de la même origine.
Ensuite, pour chaque élément affiché, plus la surface occupée est importante, plus l'applicatif répond aux attentes.
Ce modèle de diagramme permet ainsi à la fois une comparaison globale (sur l'ensemble des critères), mais également critère par critère.
III-B. Avantages/Inconvénients▲
Il serait ambitieux de prétendre que le diagramme de Kiviat est parfait. Certes il peut prétendre posséder certains avantages, mais il possède également quelques défauts :
Avantages |
Inconvénients |
|
|
Cette liste n'est sûrement pas exhaustive, mais résume néanmoins assez bien l'état des choses.
Le principal défaut est lié à la quantité d'éléments à comparer. En effet, si trop de choix sont possibles, le diagramme est simplement illisible. Il faut alors entamer un premier tri à l'aide d'une autre méthode. Une fois la quantité de choix épurée, nous pouvons alors repartir sur notre diagramme de Kiviat pour terminer la sélection de l'outil à retenir.
III-C. Mise en œuvre▲
Quel que soit le besoin de qualification logicielle (migration, nouveau SI…), les diagrammes de Kiviat sont idéaux afin d'argumenter graphiquement les choix effectués ou les solutions retenues.
Nous allons voir ici comment créer un diagramme de Kiviat, aisément, et ce sous LibreOffice.
Nous allons partir pour cela sur les critères imaginés à l'étape de qualification. Nous comparerons un SI maison imaginaire obsolète et un logiciel fort répandu type Odoohttps://www.odoo.com/ (ex OpenERP). Les notes s'échelonneront entre 0 et 10.
Pour commencer, ouvrez LibreOffice Calc, et créez votre jeu de données. Voici par exemple ce que j'ai saisi (chiffres totalement aléatoires) :
Ensuite sélectionnez le tableur de A1 à C7, puis allez dans le menu Insertion/Objet/Diagramme.
Une fenêtre s'ouvre alors. Choisissez le diagramme nommé Toile, puis le troisième modèle.
Cliquez sur suivant, jusqu'à la dernière fenêtre de l’assistant, afin de personnaliser votre graphique.
Cliquez alors sur Terminer. Votre diagramme est prêt à servir.
En double cliquant sur votre diagramme, vous rentrez dans le mode édition et vous pouvez alors déplacer les différents objets (titre, légende…).
Vous noterez que dans notre exemple fictif, nous constatons clairement à quel point Odoo est parfaitement adapté à nos besoins et clairement supérieur à notre SI maison.
IV. Conclusion▲
Même si le diagramme de Kiviat n'est pas le plus connu, ni le plus usité des outils, il apparaît tout de même des plus intéressants.
Outil exclusivement visuel, il permet de résumer toute une analyse en un seul diagramme, interprétable d'un simple coup d’œil, en se passant de chiffre précis.
Les décisionnels sont ainsi capables d'effectuer le choix le plus objectif en ayant accès rapidement à l'ensemble de la palette des caractéristiques requises.
Le diagramme de Kiviat constitue ainsi un outil des plus pratiques et utiles afin de diffuser simplement et rapidement un rapport d'étude auprès de leur hiérarchie ou de personnes tierces.
De plus, si le présent article traite d'informatique, ce genre de diagramme est également parfaitement adapté à n'importe quel autre environnement.
De par leur simplicité de mise en œuvre et leur facilité d'interprétation, ils font partie des outils qui peuvent rapidement s'imposer et se révéler indispensables à toute équipe décisionnelle.